Par ici la sortie!
Toutes les maisons en ont. On se pète toute la gueule dedans au moins une fois en courant
vers la piscine avec un pichet de “Kool-Aid” plein de glaçons.
C'est un spot glissant, bien isolé qui a pour but de nous garder dans l'ombre : parlons porte patio!
On a tous nos habitudes. Certains aiment passer par devant, d'autres font le détour par
derrière. Il en est de même pour les préférences d'ordre sexuelles. Certains ne font pas de
distinctions entre l'entrée, la sortie, le portique ou la porte patio. Alors que d'autres refusent
même d'y penser : il y a une logique à respecter! Ils se disent :
“Si c'est par là que le “déchet” se pousse, c'est pas dans ce coin que je vais m’éterniser, les deux doigts dans la bouette!”
Freinons le jugement un peu ici... car oui, jouer dans son péteux est un geste totalement
naturel! Notre ami Freud explique l'intérêt des enfants pour la zone “interdite” durant une
période qu'il nomme : Le stade anal. Dans la théorie freudienne, c’est la deuxième étape du
développement psychosexuel, après le stade oral. Elle aurait lieu entre 18 mois et 3 ans de
vie. Ça prouve que c'est totalement naturel!
L’enfant découvre qu’il peut retenir ou relâcher ses selles : première expérience concrète du
contrôle et du pouvoir sur son corps. Et on se rappelle à quel point le contrôle et le pouvoir
sont les moteurs principaux des relations humaines, y compris ceux de la sexualité.
Sans même le réaliser totalement, les petits pervers que nous sommes apprennent déjà à
faire plaisir ou à contrarier les parents : “Je décide quand je donne ou je garde.”
C’est aussi la naissance de la pudeur, de l'interdit, du contrôle de soi, du propre et du sale.
Dès l'âge de 10 à 12 ans, ce qui est sale devient cochon. Et ce qui est cochon stimule notre
envie de faire Oink Oink en équipe de deux. C'est ce qui se passe quand le petit Freudien
devient consommateur de Pornhub au quotidien.
Le plaisir anal adulte, lui, relève de la stimulation érotique et nerveuse, même si certains
psychanalystes suggèrent qu’il réactive symboliquement ce rapport au contrôle, à la
transgression, à la propreté et à l’abandon. Peu importe la raison, l'anus devient
éventuellement, une zone de lâcher-prise dans tous les sens du terme
👉 Physiologique : on relâche, on s’abandonne.
👉 Psychologique : on accepte de perdre un peu de contrôle.
👉 Symbolique : on autorise l’autre à “entrer là où on n’entre pas”. On fait confiance.
Aujourd'hui on s'attarde donc aux relations anales sous toutes leurs formes. Parce que la
sodomie et les pratiques reliées aux stimulations anales prennent de plus en plus de place
dans la vie des amants d'aujourd'hui. Merci à pornographie et compagnie qui se chargent de
garder nos horizons et nos portes patios bien ouvertes sur une jungle de possibilités toutes
aussi cochonnes les unes que les autres!
Un passé sombre
30 à 40 % des femmes et 45 à 50 % des hommes hétéros ont déjà essayé la sodomie au moins une fois.
L’anulingus suit le même chemin, avec la culture d'aujourd'hui du “tout est possible entre
adultes consentants”. Mais s'il s'agit d'une pratique assez répandue aujourd'hui, ça n'a pas
toujours été le cas. On le sait, les religions ne sont pas très tolérantes de ce qui sort du trio
habituel : missionnaire, jaquette et devoir conjugal.
L'islam, l'Église catholique et le judaïsme condamnent tous la sodomie comme un “double dip” dans un plateau de crudités partagé.
Le mot “sodomie” vient de l’épisode biblique de Sodome et Gomorrhe, souvent interprété
comme une punition divine pour des “actes contre nature” au même titre que la masturbation
ou la bestialité.
Ainsi à l'époque du Moyen Âge le peuple croule sous les tabous religieux. Le sexe anal est
alors vu comme une pratique déviante et dangereuse. On contrôle ainsi le peuple et on
s'assure que les relations sexuelles riment obligatoirement avec conception.
Il faut attendre les années 1960 et la libération sexuelle pour voir un renversement. C'est
autour de 1970 que les premières sodomies sont livrées sur vidéos pornographiques.
D'abord dans les films porno gays puis tranquillement dans les scènes 100% hétéros.
Cette révolution sexuelle est une vague de curiosité envers les zones taboues, les
préjugés et les stéréotypes. Elle était nécessaire à une certaine forme
d'épanouissement sexuel et a largement contribué à la popularité des pratiques anales.
Dans les années 1980-1990, la sodomie devient un “fantasme mainstream”, alimenté par la
pornographie VHS, qui met en avant la performance et la domination masculine.
Parfois mis de l'avant comme un acte de “contrôle” envers la femme, cette exposition
médiatique a banalisé la pratique... mais aussi créé des attentes irréalistes.
👉 rapidité : la sodomie c'est fun mais c'est loin d'être un acte spontané et
passionné. La détente et la lenteur sont nécessaires au début.
👉 préparer le terrain : pour éviter les dégâts, un nettoyage en profondeur est
préférable
👉 absence de douleur : les pratiques anales demandent beaucoup de patience et...
de lubrifiant
Bref, le va et vient par la porte de derrière, ce n’est pas nouveau du tout. Ce qui a changé, c’est la perception morale et le savoir.
L’éducation sexuelle rattrape le retard : on parle maintenant de sécurité, consentement,
lubrifiant, plaisir partagé, choix et liberté.
Néanmoins, quand on parle “anus” il existe toujours une double norme : c'est toléré chez les
couples gays mais jugé chez les hétéros (surtout les femmes). Et malheureusement, c'est
encore une pratique associée à la peur des maladies transmises par contacts sexuels.
Oui, je le veux
Si les pratiques anales sont autant jugées lorsque soulevées d'un intérêt féminin c'est
certainement dû au fait que, contrairement à l'homme, il nous est physiquement impossible
de jouir par l'anus. Oui... mais! Gardez ceci en tête :
♂️♀️👉 Le rectum et l’anus sont des zones riches en terminaisons nerveuses.
♀️👉 Une stimulation indirecte se fait via le point G et du plexus pelvien.
♂️ Chez l’homme, c'est la fête puisque la prostate est le véritable centre du plaisir anal masculin et ça n'a rien à voir avec son orientation sexuelle.
En effet, certains hommes hétérosexuels ET homosexuels s'entendent pour dire que
l'orgasme prostatique surpasserait l'intensité de l'orgasme standard. La prostate existe et
elle ne fait pas de distinction entre une main féminine et une main plus poilue!
À ceux qui s'insurgent devant une telle pratique, je réponds : si quand on y touche on
voit des étoiles, c'est probablement un piton qui n'est pas là par hasard!
Si ça se trouve, c'est le bouton d'ascenseur qui mène au 7ième Ciel! Les pratiques anales
peuvent prendre plusieurs formes ;
👉 Les caresses anales sans pénétration : on se concentre sur les nombreuses
terminaisons nerveuses autour de l'anus sans s'introduire. C'est une excellente façon
de “tester la température de l'eau” avant d'y plonger!
👉La sodomie : la pénétration de l'anus par un objet, jouet, doigt ou un pénis.
👉 L'anulingus : l'acte de caresser l'anus et l'entrée du rectum avec la bouche et la
langue.
La zone anale est fragile, chargée de pression et d'émotions. Mauvaise idée d'être pressé, obligé, mal préparé ou de le faire pour plaire à l'autre.
Ça va juste faire naître la peur, la honte, la culpabilité et les regrets. C'est donc hyper
important d'avoir une conversation claire AVANT sur :
👉 Nos envies : qu’est-ce qui m'allume là-dedans?
👉 Nos limites : respecter les signaux d'arrêt ou avoir un code précis car si ça fait
mal, on arrête!
C'est important que ce soit clair. L'anus est un terrain miné de surprises : on ne visite pas l’arrière sans invitation!
Pomme ou Poire?
Il y a autant de pratiques, que d'adeptes, que de rituels préparatoires quand on parle de
“visiter le grand canyon”. Il y a deux écoles de pensée :
1️⃣Les imprévisibles : ils aiment la spontanéité du rapport et savent que la région
anale, plus précisément le rectum reste généralement vide, sauf juste avant la
défécation. Ainsi, un lavement est optionnel.
2️⃣Les précautionneux : ils veulent éliminer toute trace et odeurs en prenant soin de
faire un lavement en douceur avec l'aide d'une poire anale.
Dans les deux cas, ils savent que le plus important c'est le lavage de la zone externe avec
du savon doux et de l'eau tiède.
Pour la portion “interne” c’est un choix à prendre avec votre partenaire. Pour certains
ça permet d'éliminer toute source potentielle de malaise. Soyons honnêtes , il y a pire bque d’avoir un poil sur le bout de la langue!
D’autres trouvent que c’est une étape inutile, voire irritante si trop fréquente ou mal faite. Car
non, même en gros maudit, il est préférable d'éviter d'utiliser la brosse à dents de belle
maman pour le faire. Éviter le brosse à dents de n'importe qui en fait! Renseignez-vous
auprès de votre pharmacien (ou auprès de ChatGPT si bien mal pris...) avant de vous
improviser ramoneur de cheminée et de faire un premier lavement.
Retenons aussi quelques conseils de base :
👉 Gardons les ongles courts : Cardi B ferait de toi une passoire mon ami!
👉 On évite de se blesser avec le spécial “zucchinis” de la fruiterie et on opte pour
des jouets érotiques sécuritaires pour l'exploration de la caverne. Les boutiques
érotiques au 7ième Ciel c'est le spot pour tout Alibaba en feu! Du plug anal style
boule disco (avec Bluetooth) jusqu'au gros poing style : “sortez de prison
gratuitement en boitant”; le choix est infini!
👉 C'est pas glissant? On ne met rien dedans. N'oubliez pas :
Même très excité, l’anus ne produit pas de lubrification naturelle. Le lubrifiant est aux
pratiques anales comme la mayonnaise est au club sandwich : c'est moins sec et ça passe mieux!
Sans lubrifiant, la sodomie peut provoquer des microdéchirures, de la douleur et des
saignements. Ces derniers peuvent faciliter la transmission de maladies transmises
sexuellement et on en parle ci-dessous. Il est donc absolument nécessaire de prévoir un
lubrifiant. Lequel?
👉 Vous utilisez un jouet? Excellent réflexe! Optez alors pour un lubrifiant à base
d'eau.
👉 Doigt, langue et pénis seulement? Un lubrifiant à base de silicone dure plus
longtemps.
👉 Préservatif? Encore un excellent réflexe mais on évite alors les lubrifiants à base
d'huile ce qui pourrait abîmer le condom.
🛑 On évite aussi la salive pour des raisons évidentes et les crèmes hydratantes qui
seront absorbées par la peau.
🛑 Comme sur l'autoroute on évite de faire marche arrière : vagin à anus, abus à
anus mais jamais anus à vagin. Les bactéries présentent dans la cavité anale seront
transférées à l'intérieur du vagin provoquant de possibles infections.
Les NoNo
Comme toute pratique sexuelle, les relations anales viennent avec certains dangers comme
les ITSS mais elles viennent aussi avec beaucoup de préjugés.
1️⃣Sur le plan biologique :
Les relations anales comportent plus de risques que les relations vaginales dues aux
saignements possibles.
En effet, la sodomie est l’une des pratiques sexuelles présentant le plus haut risque de transmission d’ITSS, si elle est non protégée.
L’anus est tapissé d’une muqueuse très fine, riche en petits vaisseaux sanguins alors que le
vagin, lui, est formé d’un épithélium plus épais et capable de s’étirer et de s’humidifier grâce
à la lubrification.
Les ITSS les plus souvent transmises sont le VIH (sida), l’hépatite B et C, la gonorrhée, la
chlamydia, la syphilis et l'herpès, qui se transmet par contact peau à peau, même sans
éjaculation. Pour les éviter, il suffit de se protéger :
👉 Préservatif (latex ou polyuréthane) à chaque rapport.
👉 Digue dentaire pour l'anulingus : lors d’un rapport oral-anal, ces
micro-organismes peuvent passer de l’anus à la bouche ou inversement.
Mal pris? La digue dentaire peut être remplacée par un condom découpé mais en dernier recours seulement.
👉 Vaccins contre l’hépatite A, B et le HPV recommandés.
👉 Dépistage régulier si partenaires multiples.
2️⃣Sur le plan culturel :
Historiquement, la peur des pratiques anales vient de deux choses :
👉 L’épidémie de sida des années 80, qui a été d’abord associée aux pratiques
anales à la communauté homosexuelle.
👉 Et avant ça, les tabous religieux et moraux, où l’anus était vu comme « sale » ou
« contre nature ».
Résultat : la relation anale a longtemps été stigmatisée, assimilée à l’homosexualité
ou au danger, alors qu’elle est aujourd’hui pratiquée aussi par de nombreux couples hétéros.
Blocage
Les relations anales bien préparées ne sont pas dangereuses. Évidemment certaines
personnes seront plus prédisposées à ce type de plaisir.
Si toute votre vie, votre mère vous a dit : “La boîte à caca, c'est sale!”, vous aurez certainement moins d'ouverture au plaisir anal.
Certains sont même incapables d'utiliser une médication par suppositoire tellement le
blocage est présent! C'est le cas de mon meilleur ami, croyant, musulman, qui endure la
fièvre et la douleur pour éviter le traitement salvateur via la “porte patio”.
Ce qu'on ne connaît pas nous fait peur. C'est ainsi que l'humain se protège des expériences dangereuses.
C'est la même chose pour la sortie d'urgence : on est à la fois repoussé et attiré par cette
petite caverne aux recoins sombres et aux effluves humides. Pourtant elle contient des
trésors que seuls les plus aventureux d'entre nous sauront découvrir.
Bien qu'on le pratique aussi en solo, c'est souvent à deux, dans la complicité et la confiance
que le désir des pratiques anales se développe. Parfois inspiré par un film xxx et parfois par
désir de connexion qui va au-delà du traditionnel crémeux.
J'ai vu un homme pleurer après s'être fait prendre par sa femme et croyez-moi ça n'avait rien à voir avec la douleur. Car la sodomie, ce n'est pas qu'une simple pratique sexuelle, c'est aussi une question de se laisser aller dans toute sa vulnérabilité.
C'est se laisser envahir d'amour. C'est se laisser contrôler de l'intérieur comme une
marionnette qui valse de bonheur, un frisson à la fois.
Mais c'est surtout....
Laisser la clé de l'orgasme nouveau à celui qu'on aime ou avec qui on a envie d'aller ...
au-delà de la lumière.
MLLE V – Conseillère en Sexologie
mllev.com

