-Le film dans ma tête-
Dites-moi que le ciel est vert et je vous traiterai de menteur. Dites-moi que vous n'avez jamais eu de fantasmes et je ferai de même. Car oui, tout le monde fantasme, même ceux qui jurent le contraire !
Que se cache-t-il derrière la définition de l'acte de « fantasmer » ? Maître de la vulgarisation érotique, je vais tenter de faire ça simple :
Le fantasme, c'est en fait une histoire érotique inventée par le cerveau, parfois réaliste, parfois complètement improbable, sur laquelle nous avons peu ou pas d'influence.
J'insiste fortement ici : le fantasme est 100 % cérébral.
Le fantasme, c'est aussi une bulle imaginaire qui regroupe souvenirs, sensations, odeurs, mélodies. Ils sont souvent en lien avec notre passé et font rarement sens.
Si je vous disais que l'odeur de la cigarette et la texture du tapis commercial évoquaient en moi le désir de me reproduire (du moins d'essayer…), me croiriez-vous folle ? Si j'ajoutais que j'ai grandi dans une famille qui possédait un magasin de rénovation et que toute la famille y fumait, laissant l'odeur s'imprégner dans toutes les fibres du tapis qu'on y vendait ? Que j'ai passé beaucoup de temps, enfouie à l'intérieur d'un immense rouleau de moquette à poil long, à pratiquer mon premier baiser avec la paume de ma main… affectueusement nommée Kevin.
C'est ainsi que se créent certains fantasmes, fétiches et pathologies sexuelles : en pleine puberté, les dossiers se mélangent, des liens bizarres se créent.
Le fantasme, c'est une bulle sacrée, l’endroit où l’on ose tout sans jamais avoir à rendre de comptes. Ce qui nous excite dans notre imaginaire n'est pas forcément représentatif de ce qu'on veut réaliser sexuellement. Je m'imagine bien faire l'amour avec Brad Pitt et pourtant les chances que cela se produise sont dans le négatif, et de beaucoup ! Sauf peut-être si on s'écrase tous les deux sur une île déserte et qu'il dépend de moi pour le nourrir. T'inquiète, Brad ! J'ai du sang amérindien et je chasse le gibier de façon régulière dans… l'allée 4 du IGA. Quoi ?! Il n'y a pas de forêt à Vanier !
-Une vision qui doit le rester-
D'ailleurs, tout fantasme n'est pas forcément bon à réaliser. Les fantasmes sont comme les boîtes de chocolats assortis : certains viennent avec une garniture qui goûte la marde. Certains peuvent vous nuire, surtout si vous êtes engagés dans une relation exclusivement monogame.
Dans l’imaginaire, il n’y a pas de conséquences ; dans le réel, il y en a. Dans le cerveau, tout est permis ; dans la vraie vie, il faut un minimum de logistique, de consentement… et parfois de lubrifiant.
En partant du principe que tout acte imaginé n'est pas forcément une bonne idée, les fantasmes ne sont pas une menace pour la fidélité.
N'allez pas penser qu'ils sont tous potentiellement partageables ! Oh non, surtout pas ! Il arrive par exemple que certains hommes hétérosexuels regardent de la porno homosexuelle et fantasment à l'idée d'avoir une relation de type « sodomie » avec un autre homme. Recevoir une fellation par un autre homme ou une personne trans fait partie des fantasmes les plus communs non avoués. Surpris ? Pas moi.
Quand on y pense, qui sait comment manipuler adéquatement un pénis ? Un propriétaire de pénis ! Pourtant, cette même personne aime les femmes, ne se voit pas avec un homme et ne se considère pas gay.
Le partager avec sa conjointe n'est pas sans conséquences.
Si cela n'amène pas de trouble dans la relation, le garder pour soi ne devrait pas forcément être vu comme une trahison ou un manque de transparence.
-Les avantages à fantasmer-
Les fantasmes sont à la vie sexuelle ce que le popcorn est au cinéma. Ils existent l'un sans l'autre dans la vie des gens qui ont perdu leur étincelle.
Ils sont nécessaires (les fantasmes, pas le popcorn !) par leurs bénéfices nombreux :
👉 Boostent la libido
👉 Améliorent l’imaginaire érotique
👉 Réduisent le stress
-Une question de genre ?-
Les fantasmes sont tous uniques en soi. Il y a autant de fantasmes que de cerveaux.
On pourrait penser que ceux pensés par les hommes sont plus crus, plus bestiaux que ceux des femmes. Pourtant, la similitude est frappante.
Les fantasmes masculins tournent souvent autour de la multiplication :
1️
⃣ Plus qu'un partenaire. Les trips à trois sont souvent demandés par les hommes et concernent souvent l'ajout d'une partenaire féminine à un couple existant. Certains intègrent une licorne au duo. Une licorne est une femme (sans corne, c'est important de le mentionner) qui s'ajoute aux galipettes du couple selon une entente préalable.
2️
⃣ Lieux publics. Il s'agit de fantasmes de type exhibitionniste où les lieux publics ajoutent une dimension illégale et « dangereuse » au plaisir sexuel. C'est bien beau dans notre tête, tout ça, mais les toilettes d’avion… ça fait fantasmer plus que ça n’excite vraiment : entre la turbulence, l'odeur et l'espace d’une boîte à gants, c’est rarement glamour !
3️
⃣ Dominer ou être dominé. Soit le fantasme du contrôle et de l'autorité. Certains aiment se prendre pour Christian Grey alors, dans la réalité, ils se battent avec les clés des menottes en plastique et ne possèdent pas d'hélicoptère.
Les fantasmes féminins explorent davantage l’intensité et l’émotion : désir, abandon, curiosité et romantisme.
1️
⃣ Être désiré intensément, se sentir irrésistible, comme l’objet d’un désir incontrôlable. Le scénario type roman-savon où l'amour de Candy et Laurent se vit avec passion, dans des costumes d'époque et des draps de satin.
2️
⃣ Se faire dominer, dans le respect du consentement, bien sûr. Elle cherche à relâcher le contrôle, céder à l’abandon. Parfois, lâcher prise est plus excitant que d’organiser toute la logistique de la relation sexuelle. Se laisser guider est rassurant et porte à confiance.
3️
⃣ Avoir des relations dans des lieux insolites. Même intérêt pour le risque que chez les hommes, mais version romantico-érotique. Les femmes choisissent des champs de fleurs, des plages de sable fin. Elles évitent la ruelle mal éclairée, une cellule de prison ou la banquette d’une Fiat.
Conclusion : Les fantasmes se ressemblent beaucoup mais se vivent d'une façon totalement différente.
Le scénario est similaire, mais l'ambiance, les acteurs, les odeurs et les sensations sont différents.
-Fétiche, Kink et compagnie-
Tout ce qui se passe dans notre esprit n’a pas le même statut ni la même signification qu'un fantasme.
👉 Le fantasme, c’est la bande-annonce intérieure qui nous excite, sans qu’on ait besoin de la jouer en vrai
👉 Parfois, le fantasme est centré sur un objet ou une partie du corps. Ça devient alors un fétiche. C'est le cas de l'intérêt pour les pieds, toujours aussi populaire, mais aussi pour le cuir et le latex. Ici, l’objet n’est pas juste un accessoire, il devient essentiel au désir
Avoir un fétiche n'est pas donné à tous, ce n'est pas négatif en soi, et ce n'est certainement pas un problème tant que ça ne prend pas toute la place dans votre vie sexuelle.
👉 Le mot « Kink », relativement nouveau, désigne toutes les pratiques sexuelles qui sortent du missionnaire « vanille », de la sexualité dite traditionnelle. Ça inclut les jeux de rôle, le BDSM, les mises en scène, etc. Ce n’est pas un problème non plus : c’est simplement une manière différente de s’amuser
Jusque-là, rien de dangereux à explorer. Mais qu'est-ce qui se passe quand ça devient la seule source d’excitation, quand tu n’arrives pas à avoir de désir sans ça ? Et si ça cause de la détresse ou des conséquences négatives comme une impossibilité à avoir une sexualité fonctionnelle?
-Les coins sombres du fantasme-
Alors là, on parle de paraphilie.
La paraphilie est un terme clinique qui désigne des comportements ou intérêts sexuels atypiques.
Certaines paraphilies sont inoffensives, mais d’autres deviennent problématiques quand elles sont non-consensuelles, dangereuses ou illégales, comme le voyeurisme, l’exhibitionnisme ou la pédophilie pour ne citer que ceux là.
Faire l'amour dans un congélateur de bière au dépanneur peut avoir d'autres conséquences que des engelures aux mamelons ! À moins d'avoir une carte « sortir de prison gratuitement », il vaut mieux éviter les risques inutiles.
Faut pas t'inquiéter : on ne « choppe » pas une paraphilie en regardant du contenu sur Internet. Par contre, l’exposition répétée à certaines images peut renforcer une préférence ou un fantasme déjà existant.
Par exemple, quelqu’un qui regarde beaucoup de porno fétichiste peut découvrir que ça l’excite énormément. Mais ça ne veut pas dire qu’il a développé une « maladie », plutôt qu’il a exploré une corde sensible de son désir. Mais une personne qui regarde beaucoup de pornographie avec de très jeunes femmes, à l'allure mineure, pourrait éventuellement avoir des pensées reliées à la pédophilie.
Il faut donc être prudent lorsqu'on surfe sur le net. Il faut faire preuve de jugement et d'équilibre dans ce qu'on regarde.
Car vous le verrez bien dans le prochain article de blog : la porno cause plus de soucis qu'elle n'apporte de solution.
En attendant, retenez simplement que la frontière entre kink, fétiche et paraphilie repose sur l’impact de ces désirs sur soi et sur les autres.
-Verbe commun-
Fantasmer, c'est un verbe qui fait partie de la phrase de vie de tout le monde ! Dès que la puberté commence à réveiller le cerveau sexuel, les poils pubiens poussent et s'imaginer jouir dans toutes les circonstances possibles et imaginables remplace le contenu Netflix pour un temps. Et c'est tellement souhaitable !
La simulation de votre imaginaire sexuel devrait toujours être une priorité si vous voulez une vie sexuelle en bonne santé !
Donc je repose la question : quel est votre plus grand fantasme ? Besoin d'en revisiter des nouveaux ? Le 7e ciel, c'est là où, mensonge ou pas, tous les ciels sont roses.
L'ascenseur est droit devant !
MLLE V – Conseillère en Sexologie
mllev.com
